lundi 7 février 2011

La Franc-maçonnerie en Tunisie


La Franc-maçonnerie en Tunisie

Extraits de l'interview donnée par notre ami Adel Ben Youssef, maitre assistant en histoire contemporaine à la FLSH de Sousse, à Réalités en date du 19 janvier 2009.

3) Comment était venue la Franc- Maçonnerie en Tunisie ?
En Tunisie comme dans la plupart des pays arabes de la rive sud de la Méditerranée, la franc-maçonnerie apparaît comme le reflet des influences que subit la Régence, de la part des pays européens. A l’influence livournaise en Tunisie, il convient d’ajouter l’influence marseillaise. Le docteur Louis Franck, médecin d’Etat- major, qui veilla sur la santé de Hamouda Pacha Bey en 1806, sous l’Empire, témoigne des liens que les marchands français tissèrent entre la France et la Tunisie. Ce n’est pas par hasard que la première loge tunisienne fut créée par les maçons marseillais, en 1812, relevant de l’obédience de la loge mère « La Loge Ecossaise de Marseille », au titre distinctif «Loge de Saint – Jean d’Ecosse l’Impériale, Amis Fidèles du Grand Napoléon ». 
En juillet 1839, Lugi Visconti, instructeur des troupes beylicales, maître d’italien, puis professeur à l’Ecole Polytechnique du Bardo, a fondé une loge maçonnique à Tunis, présidée par un autre exilé politique napolitain, négociant, le vénérable Guiseppe Viesti. Cette loge comprenait, lors de sa formation, une trentaine de membres, de nationalités diverses. Elle comprenait aussi des Tunisiens dont on ignorait la liste des noms. 
Dans ce même contexte les immigrants napolitains donnèrent à leur loge de travail le nom de « Fils adoptifs de Carthage et d’Utique ». Dès 1845 celle-ci devint « « Fils choisis de Carthage et d’Utique ». Le réfugié italien à Tunis, Fedriani qui correspondait activement avec Mazzini, recevait et diffusait en Tunisie les publications de la section française de la « Giovine Italia » et militait également dans la seconde loge qui venait d’être créée à Tunis au début de 1841 par Antonio Mantano, « oratore », et Luigi Tomei, sujet napolitain et maître de musique, tous deux libéraux, fabriziens, « I Figali di Cartagine ». Cette loge s’est constituée à la suite d’une scission provoquée au sein de la « Legion Italica », fondée par Fabrizi à Malte, et qui avait aussi une loge à Sfax. La loge « I Figali di Cartagine » avait des rapports étroits avec celles de Palerme, de Messine, de Naples, de Malte et de Marseille. 
Un rapport adressé par Mohamed Khaznadar, Caïd de Sousse datant du 15 décembre 1844, à Sa Majesté Ahmed Pacha Bey, il a été signalé que « la maison d’un certain Lorenzo (chrétien habitant Sousse) est utilisée comme lieu de rencontre de plusieurs francs-maçons, et que parmi ces derniers il y avait des musulmans dont une femme et quelques militaires. 
A partir de 1860, la franc-maçonnerie connaît un certain foisonnement. Des loges d’origine française, italienne et anglaise commencent à s’y multiplier.
Le 10 février 1861, Le Grand Orient de France crée sa propre loge sous le nom de « Persévérance », à l’Orient de Tunis. De son côté La Grande Loge de France, crée à Tunis Le 5 novembre 1864, une demande de constitution d’une loge de rite écossais au titre distinctif « Segretezza » a été adressée au siège de La Grande Loge de France à Paris par de francs-maçons italiens. Ces derniers ont eu l’accord de l’obédience et la loge groupa dès 1865 essentiellement des commerçants et des hommes d’affaires d’origine napolitaine livournaise ou toscane. 
De nouvelles loges italiennes voient le jour comme « Il Risorgimento », « Fede e Constanza ». La date de fondation des ces trois loges demeure imprécise. En 1867, Le Grand Orient d’Italie autorise la création d’une loge et d’une Chapelle appelées : « Concordia e Progresso ». De son côté la franc-maçonnerie anglaise marque sa présence dans ce domaine puisque « La Grande Loge Unie », considérée comme Mère de la franc-maçonnerie universelle autorise en effet, en 1877, la loge « Ancient Carthage n° : 1717 » à ouvrir ses portes. En 1879, une entreprise menée par des frères appartenant à différentes nationalités pour créer une Obédience maçonnique indépendante échoue.
En réalité nous sommes en présence d’un tableau maçonnique assez complexe, mais assez riche pour justifier la tentative de création d’un « Grand Orient de Tunisie » en 1877, qui ne vivra guère plus de trois ans.
Au total entre 1812 et 1881, 13 loges ont été créées dans la Tunisie précoloniale et si la franc-maçonnerie européenne a trouvé un champ d’activité très prospère, c’est grâce à l’importance du nombre d’Européens essentiellement les réfugiés italiens installés dans les grandes villes de la Régence depuis le début du XIX è siècle. 
Cette situation va sans doute favoriser davantage l’implantation de loges françaises après l’établissement du Protectorat français le 12 mai 1881 et l’adhésion de Tunisiens musulmans à ces loges. 
Le traité de Bardo signé le 12 mai 1881, entre la France et le Bey de Tunis, va assainir le climat politique et éclaircir le panorama maçonnique avec la multiplication des loges françaises à Tunis et dans les grandes villes de la Régence. Les Français, qui étaient venus s’installer massivement en Tunisie, déposèrent auprès du Grand Orient de France une demande de patente pour la création d’une loge au titre distinctif « La Nouvelle Carthage ». 
Celle - ci fut créée le 27 avril 1885 et fut l’une des loges les plus brillantes parmi celles qui furent créées à l’orient de Tunis. Elle battit maillet jusqu’en 1960, et fut reconstituée à Paris en 1988. 
Quelques années plus tard, d’autres loges virent le jour : « L’Aurore du XIX è siècle » à l’Orient de Bizerte (le 17 décembre 1900), « La Nouvelle Hadrumète » à l’Orient de Sousse (le 9 novembre 1903), « Le Phare de Tyna » à l’orient de Sfax (le 9 novembre 1903), « Tacapes » à l’Orient de Gabès (le ?), « La Nouvelle Utique » à l’Orient d’Utique (le 1908), « La Nouvelle Carthage et Salammbô Réunies», (le 21 avril 1909), « L’Etoile de Carthage » (le 13 décembre 1931), « Travail, Liberté, Progrès » (le 29 novembre 1924), « Abdelkader » (le 12 décembre 1955), toutes à l’Orient de Tunis. 
Quant aux Italiens, ils se sont contentés de créer la loge « Concordia », ordre de Tunis, qui était très active au début des années 1920. 
La Grande Loge de France crée quand à elle « La Volonté » (en 1903), « Volonté et Véritas » (en 1926), à l’orient de Tunis puis « Lumière et Progrès » à l’orient de Sousse (en 1926). Quant à la l’Obédience Mixte Internationale, Le Droit Humain, elle installe une loge en 1904, dite « Loge 201 », mais elle ne fut guère active avant 1914. 
En somme la période coloniale a vu la création de 14 loges, 10 relevaient du Grand Orient de France, 3 de La Grande Loge de France, et une seule de l’Obédience Mixte Internationale. À la suite de la promulgation de la loi 1959 sur les associations par le président Habib Bourguiba, la plupart de ces loges vont cesser de fonctionner après de 71 ans d’activité. Seule « La Nouvelle Carthage » continue à battre maillet jusqu’en 1964. 

4) Les archives permettent-elles l’étude de cet aspect en Tunisie et partout ailleurs et y a-t-il des études sur ce thème ?
Evidemment, ce type de sujets ne peut être traité par l’historien qu’à partir des archives. Pour ce qui est de la franc-maçonnerie en Tunisie à la veille et sous le Protectorat français les archives sont éparpillées et se trouvent dans quatre pays : en Italie, en Angleterre, en France et bien sûr en Tunisie. Personnellement, je n’ai pu consulter que les archives qui se trouvent en Tunisie et en France. 
Pour ce qui est des archives qui se trouvent en France, on peut citer :
- Les Archives des obédiences françaises notamment le Grand Orient De France (16, rue Cadet, Paris 75009), 
- Les Archives de la Grande Loge de France (8, rue Puteaux, 75017, Paris).
- Les Archives de la Grande Loge Nationale Française (65, Boulevard Bineau, 92200, Neuilly Sur Seine). 
- Les Archives de la Bibliothèque Nationale de France. 
Toutes ces archives contiennent des documents d’archives des loges maçonniques de Tunisie touchant la période précoloniale et surtout de la période de l’entre deux guerres : procès verbaux d’installation, diplômes des loges ou des ateliers, certificats d’initiations, tableaux d’officiers et de dignitaires, comptes rendus des congrès régionaux des loges Tunisiennes et nord- africaines des obédiences du G.O.D.F. et de la G.L.D.F., comptes rendus de la conférence maçonnique annuelle des loges …
Quant aux archives qui se trouvent en Tunisie, elles contiennent surtout des rapports de police, de notes des agents de services de renseignements français chargés du contrôle des loges maçonniques et de francs-maçons se trouvant dans toute la Régence. 
Sous le régime de Vichy, en France comme en Tunisie, toutes les loges ont été dissoutes, leurs archives confisquées par les autorités du Protectorat, les dignitaires révoqués de la fonction publique en application des lois du gouvernement du Maréchal Pétain pendant l’été 1940 (décrets beylicaux dès 22 et 23 août 1940 publiés au Journal Officiel de Tunisien n° : 104, du jeudi 29 août 1940). On y trouve les listes nominatives des dignitaires, des officiers des loges publiés par obédience. La première liste parut dans le numéro 118 du jeudi 2 octobre 1941, la dernière dans le numéro du jeudi 21 janvier 1943.
Dès 1945, on y trouve aussi des rapports sur les efforts de reconstitution des ateliers. Tous ces documents d’archives se trouvent aux Archives Nationales de Tunisie et à l’IS.H.M.N.T. Si la première catégorie n’a pas quitté la Tunisie, la deuxième a été récupérées par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de recherche scientifique à partir des fonds des archives de la Résidence Générale de France en Tunisie et du Ministère Français des Affaires Etrangères (le Quai d’Orsay) se trouvant à Paris ou à Nantes. 
Quant aux archives des loges, il semble qu’elles ont été détruites au lendemain de la promulgation de la loi 1959 sur les associations sur les associations. Seule une partie a pu être sauvée par des maçons eux-mêmes, qui ont réussi à la transférer secrètement vers la France, soit aux archives des obédiences mères, soit elle est restée en leur possession.
Cependant, ces archives ne couvrent que la période allant de 1881 à 1940. Quant aux archives intéressant la période de 1940 à 1959, elles ne sont pas accessibles aux chercheurs en raison de Loi française n° 79-18 du 3 janvier 1979 sur les archives (publiée au Journal officiel le 5 janvier 1979), ainsi que les diverses modifications apportées au texte initial, relatives à la protection des personnes physiques à l'égard des traitements de données à caractère personnel. 
Pour ce qui des études faites sur la franc-maçonnerie en Tunisie sous le Protectorat, elles sont rares pour ne pas dire insignifiantes, et ce en raison de la nature du sujet, et de difficultés et restrictions d’accès aux archives maçonniques. La plupart d’études ont été faites par des français. Néanmoins, ces dernières années on note la parution de quelques études par des chercheurs tunisiens : Laroussi Mizouri, Khélifa Chater, Hédia Khaddar…, et moi-même. 
5) Quels sont les précurseurs à adhérer à ce mouvement ou « secte » ? 
Même si on dispose pas d’un chiffre exact du nombre de Tunisiens musulmans ayant adhéré à ces loges européennes fondées dans la Régence et leurs noms, on dispose quand même du nombre total d’adhérents à la loge « Ancient Carthage n° : 1717 ». A côté de ses sept fondateurs cette loge comptait en 1880, 135 adhérents, dont 5 seulement sont des musulmans (soit 3.7%), contre 75 catholiques (soit 55.5 %), 35 juifs (soit 26 %), 18 protestants (soit 13.3 %) et 2 grecs orthodoxes (soit 15 %). 
Un des rapports de la loge « La Nouvelle Carthage » nous informe que « Le Général de Division, Mustapha Ben Smaïl, ancien premier Ministre du Bey, Grand Croix de la Légion d’honneur, qui n’a dû qu’à ce vice sa haute fortune, qui a été dit-on initié à Paris, mais qui se présente avec un bref de R.C. et une patente de 30 è délivrés par la Grande Loge d’Angleterre, ne sera jamais affilié à notre Loge. S’il se présentait à nos travaux nous prononcerions immédiatement la clôture. Nous ne pouvons agir autrement par dignité pour notre ordre et pour être respecté à Tunis ». 
En vertu de leurs statuts les loges françaises implantées en Tunisie dès 1881, n’étaient pas fermées aux non Français, aux juifs et surtout aux « indigènes », mais la réalité était autrement. Dans ce sens le franc-maçon Nunez, dénonçait en 1907, les agissements de la doyenne des loges françaises « La Nouvelle Carthage », dépendante du G.O.D.F., qui ne refusait pas officiellement les demandes de profanes non Français, mais elle leur fermait la porte. Idem pour la loge « Volonté », dépendante de la G.L.D.F., qui défend en application de son statut intérieur, « l’entrée à ceux qui ne sont pas Français ». 
Ce qui explique l’implication de leurs dirigeants dans la défense des privilèges de la colonie française. Cumulant les statuts de Vénérable de la loge « La Nouvelle Carthage », celui de chef d’entreprise et de Représentant de la communauté française à la Conférence Consultative de la Tunisie, Duclos réclame en 1911, « l’institution d’un Conseil Colonial, élu au suffrage universel et aux membres desquels exclusivement français qui serait attribué des pouvoirs délibératifs». 
Notons cependant, le souci de Duclos « d’attirer des israélites et des indigènes fort intelligents, animés d’un esprit élevé et tolérant ». 
Mais cette volonté d’ouverture – dans le cadre d’un paternalisme colonial ! – est mise en échec, au sein des francs-maçons, par « l’ostracisme des préjugés de race », que Duclos dénonce. 
Selon un état de l’atelier de la loge « Volonté et Véritas Réunies », et d’après l’examen des noms patronymiques des affilés, (puisque les nationalités n’étaient pas indiquées), permet de constater que sur 76 francs-maçons affiliés en 1945, une majorité juive, pour la plupart livournais et une poignée de français de souche et trois musulmans. L’étude des procès verbaux de cette loge atteste que ses membres n’étaient pas totalement intégrés dans la société coloniale française, puisqu’ils se plaignaient du freinage du mouvement de naturalisation et relevaient que de « nombreux intellectuels tunisiens dignes et honnêtes voient leurs requêtes repoussées ou éternellement laissées en suspens ». 
De leur côté les prépondérants ont de 1891 à 1907 et même après, ont largement critiqué, dans leurs journaux l’adhésion des musulmans à des loges maçonniques. 
Malgré toutes les manœuvres françaises à l’encontre des « indigènes », provenant de l’intérieur ou bien de l’extérieur du monde maçonnique, les loges maçonniques françaises dépendant du G.O.D.F ou celles de la G.L.D.F., ont pu attirer à leurs ateliers durant 75 ans de présence française en Tunisie, près d’une cinquantaine de profanes musulmans. 

6) Pour quelles raisons ces musulmans ont-il adhéré à des loges maçonniques, alors que la franc-maçonnerie était fermement contestée par la totalité de la société tunisienne musulmane conservatrice, et ce en raison de son origine judéo-chrétienne ? 

L'image retenue de la franc-maçonnerie par la population européenne locale est celle d'une société de bienfaisance. Dans le même temps le souci des francs-maçons à l'égard des populations autochtones se renforce : les frères fondateurs estiment que la Maçonnerie pourrait servir à « amalgamer les Arabes, les Kabyles, les Turcs, les Juifs et les chrétiens, c'est à dire les vainqueurs et les vaincus », comme le déclare le frère H. de Brivazac. L'assimilation est « le seul but légitime de la conquête ». La date d’initiation du premier Arabe en Algérie remonte à 1839. 
L'initiation, en 1864, de l'Emir Abd el Kader est à la mesure de cette aspiration d'un rapprochement souhaitable entre les communautés et aussi de l'admission de musulmans dans les loges. Mais si les idées maçonniques ne rebutent pas des musulmans ayant appris le français, les populations arabes ignorent, d'une façon générale, jusqu'à l'existence de la Franc-Maçonnerie. Pour eux, les ateliers maçonniques suppléent, en partie, à l'absence des salons et des académies que la société du XVIII è siècle apprécie.
D'une façon générale, les ateliers deviennent des « lieux de fraternité » qui évitent aux « pérégrins » un isolement mal vécu. 
A part les principes et les slogans trompeurs de la franc-maçonnerie, nombreux sont les Tunisiens qui ont adhéré à des loges maçonniques pour servir des intérêts purement personnels : à la recherche d’une promotion professionnelle dans l’administration Tunisienne ou d’un poste politique dans l’appareil de l’Etat. Le secteur de l’enseignement constitue un très bon exemple de l’ambition des frères tunisiens. 
Etant donné que l’enseignement public en Tunisie était contrôlé par « Le Cercle Tunisien de La Ligue Française de l’Enseignement », son fondateur, le docteur Bertholon, ancien médecin militaire, était profondément laïque certes, mais d’esprit très libéral entouré de plusieurs maçons influents. Mais à partir de 1895, la Ligue de l’Enseignement entre en sommeil et ses activités ne devaient reprendre qu’en février 1901 sous la direction de Victor Communaux qui fit alors de « La Fédération des Cercles de la Régence » un instrument de combat en faveur de la laïcité dans la lutte scolaire qui faisait rage à l’époque en France et qui allait bientôt s’étendre en Tunisie. 
A partir des années 1920, l’influence des francs-maçons s’élargit davantage dans tous les rouages et secteurs de la Régence et en particulier dans l’enseignement public qui devient le bastion des frères, à tel point que la nomination de directeurs d’écoles ou de collèges ou lycées, d’inspecteurs d’enseignement primaire ou secondaire, de chefs services de la D.I.P. (Direction d’Instruction Publique)…, ne se fait qu’après l’approbation du « lobby » maçonnique de Tunis, voire même de Paris et notamment du G.O.D.F. 
Sans donner un tableau noir sur les francs-maçons tunisiens musulmans, nous disons qu’il y a eu certainement parmi eux de bons maçons qui voulaient sans doute servir les intérêts publics tunisiens et la cause nationale de leur pays. 
Se référant aux tenues des loges, aux convents des obédiences, aux congrès régionaux et inter- obédientiels, les revendications des francs-maçons tunisiens musulmans étaient très variées et touchent tous les domaines de la vie des Tunisiens. 
Dans le domaine social et culturel, les frères Tunisiens revendiquaient la propagation de l’enseignement public dans toute la Régence, la création des écoles primaires, de collèges et lycées, notamment dans les régions défavorisées et non habitées par les européens, la révision des impôts, l’amélioration des conditions matérielles des classes dépourvues de ressources, notamment les ouvriers et les paysans, la suppression de Khemmasat (le métayage) et de l’impôt de capitation…
Dans le domaine économique, ils revendiquaient la mécanisation de l’agriculture, l’introduction de nouvelles méthodes et techniques dans l’industrie, la modernisation du commerce et des banques en Tunisie…
Dans le domaine politique et judiciaire, ils revendiquaient le suffrage universel pour tous les Tunisiens, la création d’un Conseil Général à capacité budgétaire, la création de municipalités dans tout le territoire de la Régence, la possibilité pour les musulmans de choisir entre les juridictions tunisiennes ou françaises… 

7) Y a t –il eu des personnalités éminentes politiques ou autres à adhérer à la Franc-maçonnerie en Tunisie sous le Protectorat ?
Plusieurs, sont les hautes personnalités tunisiennes qui ont adhéré à la Franc-Maçonnerie. On y trouve même des personnalités de proue de l’administration et du mouvement national tunisiens et même parmi les membres de la famille beylicale. A titre d’exemple, on peut citer parmi eux MM : Slaheddine Baccouche, Mohazmed Salah Mzali, (deux premiers ministres), Tahar Ladjimi, Hmida Doulatli et Ahmed Haddad (Caïds), Mohamed Aziz Ben Hassen Sakka (Khalifa)…, Abdeljelil Zaouech, Salah Belajouza, Jalloul Ben Chérifa…, (des nationalistes) et plusieurs avocats, médecins, pharmaciens et surtout instituteurs ou inspecteurs tunisiens, entre autres : Abdeljelil Ben Ali Taïeb Basly, Daly Yahïa ... 
Côté français, nombreux sont les francs-maçons français ayant pris en mains les destinées de la Tunisie sous le Protectorat. Nous pouvons citer parmi eux MM : Etienne Flandin, Stephen Pichon, Marcel Peyrouton, Jean Mons…, (Résidents généraux), Pierre Bertholle, René Clément, Paul De Gourlet…, (Contrôleurs civils), Le Theuff (haut fonctionnaire de la Directeur de l’intérieur), Lucien Paye (Directeur de l’Instruction publique), Gabriel Mérat (Directeur du Collège Sadiki) etc

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